Combien coûte l’embauche d’un salarié en Allemagne ?
Vous souhaitez démarrer une activité commerciale en Allemagne et recruter un salarié allemand ou une salariée allemande. Vous vous demandez sans doute si le coût de l’embauche pour l’employeur est plus élevé qu’en France. Voici ce que vous devez savoir sur le niveau des salaires en Allemagne et le coût des charges patronales applicables.
Les salaires allemands sont élevés
Quel que soit le droit applicable au contrat de travail, le salaire est toujours négocié librement par les parties. Il est donc indispensable de bien se renseigner sur les salaires en vigueur en Allemagne. Les montants annoncés, plutôt élevés, peuvent parfois effrayer les entreprises françaises ; voici comment les décrypter.
Quelques exemples de salaires
Le salaire minimum légal allemand est une création tardive, qui remonte à 2015. Au 1er janvier 2019, il a été revalorisé à 9,35 euros brut de l’heure.
Ce montant ne doit pas cacher la réalité des salaires allemands, plutôt élevés en moyenne. Pour estimer le montant d’un salaire, plusieurs outils en ligne peuvent vous aider. Parmi eux :
- Le Wirtschafts- und Sozialwissenschaftlichen Instituts (WSI) alimente une base de données précise pour près de 300 métiers dans plus de 30 secteurs d’activités, consultable sur Lohnspiegl.de
- La société de conseil en rémunération Hamburger Vergütungsberatung PersonalMarkt Services (PMSG) publie un Atlas des salaires sur Gehaltsvergleich.com
- Le site Gehalt.de comporte également de nombreuses statistiques, accessibles après inscription.
Que ressort-il de ces différentes études ? On peut conclure que le salaire d’un commercial allemand varie entre 36 000 et 85 000 euros annuels bruts, selon son niveau d’expérience. Nous ne vous conseillons pas de recruter à un salaire inférieur : vous risqueriez d’avoir un candidat ou une candidate qui ne se révèle pas à la hauteur.
Pour un commercial ou une commerciale de terrain débutant, avec un niveau bac+3 à bac+4, vous pouvez donc tabler sur un salaire annuel brut de 36 000 euros. Pour un commercial qui a déjà des clients, une bonne connaissance du marché et des responsabilités plus importantes, le salaire moyen tourne autour de 45 000 euros.
Enfin, le salaire d’un technico-commercial expérimenté et autonome peut aller jusqu’à 85 000 euros annuels brut.
Avec 10 ans d’expérience, vous ne pourrez pas les embaucher à un salaire brut inférieur à 80 000 euros.
Pour finir, sachez que la part variable du salaire d’un commercial allemand ou d’une commerciale allemande ne dépasse généralement pas 10% et ne va jamais au delà de 20%. Les commissions sont interprétées comme un manque de sérieux de la part de l’employeur, soupçonné de ne pas être capable de payer les salaires sur la durée.
Une conjoncture de plein emploi
Pourquoi vous ne devez pas hésiter à rémunérer très correctement vos salariés allemands ? Déjà, parce que les Allemands et Allemandes ont, bien plus que les Français, un attachement pragmatique à l’argent. Ils et elles considèrent qu’un bon salarié doit être bien payé, alors qu’un Français ou une Française pourrait compenser un salaire moindre par des responsabilités et un prestige importants.
Surtout, la conjoncture est aujourd’hui très favorable en Allemagne. Le taux de chômage, de 5,2% en août 2018, tourne autour de 3% dans le Sud industrialisé. Les entreprises allemandes se font donc une concurrence féroce pour recruter les meilleurs profils. Dans ce contexte, les compétences particulières, comme la maîtrise de plusieurs langues, se payent au prix fort.
Les charges patronales sont faibles, mais les impôts élevés
Au salaire versé, vous devez encore ajouter les charges sociales pour connaître le réel coût d’une embauche.
Les charges patronales sont faibles
En France, les charges sociales s’élèvent à 42% et sont calculées sur l’intégralité du salaire. Par exemple, un salaire brut de 50 000 euros coûte 71 000 euros à une entreprise française.
En Allemagne, les charges sociales sont près de deux fois moins élevées : elles tournent autour de 21%. Surtout, elles sont limitées à un certain seuil, qui représente 70% du salaire. Pour un même salaire brut de 50 000 euros, les charges en Allemagne ne représentent donc qu’environ 10 000 euros.
Plus le salaire brut est élevé, plus l’écart entre les deux pays est important. Pour un salaire de 100 000 euros annuels brut, une entreprise débourse 142 000 euros en France, tandis que son homologue en Allemagne ne prévoit qu’un budget de 114 000 euros.
Attention au calcul du salaire net
Les faibles charges patronales ne doivent pas camoufler les cotisations et impôts personnels prélevés sur les salaires allemands. Un même salaire brut se traduit par des montants nets sensiblements différents en France et en Allemagne. En Allemagne, le salaire net peut représenter la moitié du salaire brut.
Les charges sociales sont comparables à celles prélevées sur les salaires en France, à un taux aux alentours de 21%. Retraite publique de base, cotisations chômage, assurances santé publique et assurance dépendance sont prises en charge pour moitié par l’employeur et pour l’autre par le salarié. Contrairement à la France, les cotisations sont prélevées jusqu'à un plafond déterminé. Elles augmentent donc avec le salaire, mais ne sont plus prélevées sur les revenus au delà du plafond. Celui-ci se monte à environ 53 000 euros pour les assurance santé et dépendance et 78 000 euros pour les assurances retraite et chômage. Les charges sociales personnelles sont donc plutôt moins élevées qu’en France, même si elles peuvent différer fortement d’une entreprise à une autre. En particulier, certaines entreprises proposent des retraites complémentaires, qui peuvent peser jusqu’à 30 % du salaire net.
En revanche, les impôts sur le revenu, prélevés à la source, sont bien plus lourds en Allemagne qu’en France. Pour un même salaire brut, le salarié ne percevra pas du tout le même salaire net selon qu´il est imposable en France ou en Allemagne. La comparaison est difficile, puisque les critères d’impositions sont nombreux et différents : statut cadre, situation familiale, région de résidence fiscale, appartenant à une Eglise… Néanmoins, on estime en France qu’un débutant consacre environ un mois de salaire net en impôts annuels. En Allemagne, la charge d’impôts pour un salaire net équivalent peut être jusqu’à quatre fois plus importante.
La voiture de fonction est souvent indispensable
Dernière particularité à connaître sur les salaires pratiqués en Allemagne : la voiture de fonction, qui représente, surtout pour un profil commercial, un avantage en nature indiscutable. Elle peut également permettre de réaliser une économie fiscale sur le salaire. Une carte jouée par de nombreux employeurs outre-Rhin, puisque 30% du parc automobile y est aujourd’hui constitué de véhicules d’entreprise.
La seule règle à respecter, mais elle est importante au pays de l’auto : choisir un véhicule allemand, confortable, un minimum crédible aux yeux des prospects et suffisamment spacieux pour y ranger mallettes et échantillons. Une Passat ou une Audi A3 conviennent bien à cet usage.
Équipe FRADEO
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